Quand j’avais quinze-seize ans, j’étais interne dans une institution catholique que je qualifie aujourd’hui de fondamentaliste. En dehors du programme d’études séculier (humanités gréco-latines), le but ultime de cette institution était d’éduquer les pensionnaires dans la foi et le dogme catholiques.
Sans le comprendre, j’étais rebelle. Au lieu de faire mes devoirs, je passais mon temps à lire des romans planqués sous mes livres scolaires. Je lisais aussi la nuit, armé d’une lampe-torche, recroquevillé dans une minuscule armoire à côté de mon lit, au milieu du petit dortoir où dormaient huit adolescents. J’ai découvert ainsi tous les grands auteurs mis à l’index par l’Église. L’index n’avait plus court officiellement mais existait toujours comme modèle ou contre modèle !
Vers mes dix sept ans, je suis passé à l’écriture, d’abord de monologues, ensuite de petites pièces de théâtre. Avec des amis, nous les montions sur scène devant un parterre de parents et de connaissances.
Je n’ai rien conservé de ces années-là.
Puis la vie m’a happé (voir le roman sur Marc Dubois) et dans cette grande lessiveuse, j’ai égaré ma plume.
Des années plus tard, abandonné hagard sur le bord du chemin, j’ai cru trouver mon salut en recherchant cette fameuse plume égarée. J’ai alors écrit le récit de cette vie jour et nuit en proie à une fièvre dévorante. Une fois mon manuscrit terminé, je l’ai adressé aux éditions Gallimard, au hasard. Bien plus tard, une réponse négative m’a cueilli à froid.
J'ai alors décidé de ne jamais abandonner l’écriture (mais comment l'aurais-pu?) et je me suis promis de m’occuper dorénavant personnellement de la publication et de la vente de mes livres.
Retrouvez Pierre sur son site: